dimanche 27 novembre 2016

Jour du départ, 17 novembre 2016

À l’aéroport de Montréal, dite YUL, au guichet d’enregistrement, le commis me demande si je veux un siège près d’une fenêtre. Mets-en que je veux ! Première belle surprise.
Ensuite c’est le temps des au revoir avec mes hommes. On s’installe à un café, on jase et ils me remettent une enveloppe que je ne pourrai ouvrir qu’une fois décollée de terre. OK. Promis, juré. C’est touchant, non ?
2 minutes plus tard, Fiston regarde Papa et lui demande : “On pourrait pas l’ouvrir juste pour goûter ?”.  Bon, l’ado vient de vendre la mèche ! Je ris.
Ils ont donc ouvert mon cadeau et Fiston a mangé un beau morceau de chocolat qu’il avait choisi pour moi. Il était content. Pis c’était pas bien grave, parce qu’il y avait quand même une autre enveloppe scellée à l’intérieur, que je pourrais ouvrir plus tard.

On parle, on parle, le temps file. On s’embrasse et on se sépare. Mon voyage en solo commence.

C'est avec ça qu'on accueille les arrivants. Une belle première impression des canadiens....

Dans l’aire d’attente pour l’embarquement, presque tous les gens sont des chinois. Normal, on s’envole pour Pékin sur Air China. Je remarque que quelques personnes ont un masque de chirurgie, pas nécessairement sur le visage, mais accroché aux oreilles et sous le menton. Ça fait salle d’attente d’hôpital comme ambiance. Heureusement, y’a des enfants qui s’amusent et rient, je les regarde, ça fait passer le temps. Les enfants, ça sauve toujours tout.

Dans les hauts-parleurs, chaque fois qu’un message est prononcé, je ne comprends rien, mais crissement rien (et je parle de la version du message en anglais). Le son est tellement mauvais, on se dirait à la commande à l’auto d’un MacDo. Je décide donc d’aller m’informer auprès d’une hôtesse, mais elle ne parle pas anglais !
Quand le monde commence à embarquer, je suis les autres comme un mouton, en espérant que c’est le bon vol, vu que je n’ai rien compris.

Je m’installe à mon siège sur le bord du hublot et j’attends de voir qui j’aurai comme voisin de banc.


Une vieille madame chinoise toute fripée vient s’installer dans le banc sur le bord de l’allée. J’essaie de lui parler en anglais, mais elle ne parle que le mandarin. Elle a un masque sous le menton et je me demande si c’est parce qu’elle est grippée ou si c’est pour la pollution.
Finalement personne ne s’installera entre nous deux pendant le vol. Chouette, ça fait plus de place pour mettre nos bébelles. Et elle, elle en a. Elle traine, en plus de son sac à main et de ses plats tupperware de bouffe, un filet rempli d’au moins 8 ou 10 grosses bouteilles de Baileys, qu’elle met entre nous sur le banc.
J’espère qu’elle ne vient pas au Canada juste pour ça, ça reviendrait cher la bouteille….

Quelques minutes plus tard, le contact est mis.
On teste les moteurs, puis les flaps des ailes, l’appareil se réchauffe, se réveille, se détend, comme un papillon hypertrophié qui s’apprête à s’envoler.
Sur la piste, des véhicules ressemblent à des petits legos, des hommes parés de bandes fluos font des signes, petits insectes irisés qui dirigent les pilotes. Celui aux cônes oranges donne le signal de départ. Go ! Go l’avion, go !
L’immobilité s’évanouit, je sens que ça avance. L’avion s’engage lentement, le décor tourne autour de moi. Nous passons derrière d’autres avions, qui ont tous le museau collé vers le gigantesque bâtiment, comme des animaux alignés devant une immense auge, se faisant nourrir et abreuver entre deux courses. J’imagine alors que notre avion est un immense chien qui passe derrière les culs des autres chiens, les renifle en manière de “au revoir les copains, on se revoit un de ces quatre ! ” . Et nous passagers, nous sommes des colonies de puces qui voyagent bien au chaud, nourries, logées, sur leur dos infatigables, à chevaucher océans et continents.

Le décollage se passe très bien. C’est tellement beau de voir sa ville d’en haut, de se sentir monter monter monter, de passer au dessus des nuages. Ah ! Ça faisait trop longtemps que j’attendais ça. Gros bonheur sale pour moi toute seule.

Dans ma tête, Ginette Reno chante "Un peu plus haut..."



J’ai plusieurs heures à passer, 14 en fait pour ce vol. Je sais aussi qu’il faudrait que je dorme pour être en forme à Bangkok. Un cercle s’installe entre faire du web, regarder l’écran sur le siège de devant, boire, manger, lire et somnoler, le cou coincé contre la fenêtre. Parfois, quelqu’un va près de la porte de sortie et y fait du Tai Chi. C’est pas des blagues. C’est pourquoi j’avais trouvé bien drôle cette image de sécurité dans l’avion.

Sur Air China, il est interdit de faire du Tai Chi devant la porte de sortie.

Encore ici, tous les messages par haut-parleurs sont incompréhensibles et les hôtesses baragouinent un anglais plus qu’approximatif. La plupart du temps, je ne comprends rien à ce qu’elle me disent.
Lorsqu’arrive le repas, je ne fais que pointer du doigt à l’hôtesse ce que je veux. Elle comprend mon doigt.

Au coucher du soleil, il faut fermer les hublots, les lumières se tamisent ; c’est le temps d’essayer de dormir.
Plusieurs heures passent, il y a de la turbulence de temps à autre, mais rien de dérangeant. Tant mieux.

Oyé oyé ! Le commandant nous parle, c’est qu’on doit approcher.
Lorsque l’avion commence à descendre, ma vieille mandarine de voisine met son masque. Je suis intriguée, mais pas moyen de communiquer avec elle. Je comprend tout lorsque nous commençons à descendre vers la piste, en dessous des nuages. Qui a-t-il en dessous des nuages ?  Il y a… encore des nuages, de la brume épaisse, dense, comme de la purée de patates instantannée. Je regarde par la fenêtre, bouche bée, l’absence d’air, de transparence, de quelque chose qui aurait dû normalement apparaître. Un sol, des bâtiments, de la structure quoi ! L’avion se pose et dans la purée visqueuse, des petites lueurs glauques à la queue leu leu forment au sol des chapelets verts, rouges, mauves, pour guider les pilotes dans le smog. Le tarmac a un je-ne-sais-quoi d’apocalyptique. Je me retourne vers ma voisine avec un air semi-déprimé, semi-dégouté ; elle me fait oui de la tête.

Je suis quand même impatiente de sortir, après 14 longues heures quasi immobiles à essayer de passer le temps entre des tentatives de sommeil chaotiques et torticoliques, ma madame mandarine incompatible, des hôtesses impossibilingues et des repas froids pour le chaud et tièdes pour le frais, bref un beau vol dépaysant.

Une autre surprise m’attend à la sortie de l’avion ; il n’y a pas de connecteurs entre la porte et l’aéroport ! Chuis niaiseuse de même, moi, je pensais que tous les aéroports mettaient ça pour les gros avions.
Il n’y a donc qu’un escalier dans la nuit noire et humide de gelée smogueuse. Et je n’ai pas de manteau et que des sandales. Les autres passagers, en manteaux d’hiver, regardent mes pieds, puis ma face, puis mes pieds. Je veux leur dire que je vais en Thailande, mais à quoi bon ? Pas grave, finalement, je n’ai pas froid du tout, en embarquant dans la navette. Quand on vient du Québec, on connais ça le frette. Celui-là n’est rien du tout finalement.

La caméra rend ces photos de nuit beaucoup plus claires que ce que c'était.




À l’intérieur, j’apprend que le vol pour Bangkok est retardé d’une heure. Une de plus, une de moins, rendu là, pourquoi chialer ? J’en profite pour aller me chercher un café chinois et un muffin chinois et prendre mes messages. Et réaliser que j’ai bel et bien mis le pied, les deux même, en Chine.

Carole pose le pied en Chine. Un petit pas pour la femme, un grand pas grand chose pour l'humanité.

Le second vol, entre Pékin et Bangkok, est similaire en gymnastique linguistique et en nourriture d’hôpital, mais beaucoup moins long. Environ 4 ou 5 heures.
Rendue à l’aéroport de Bangkok, je prend mes bagages et j’achète une carte SIM avec internet pour mon téléphone. Je quitte le bâtiment climatisé et sors dans le stationnement en quête d’un taxi vers la grand ville.


L’air, lourd et humide, tombe comme une masse et sent la patate douce chaude ! C’est une première impression plaisante. Ça me rappelle lorsque je suis sortie de l'avion à l'aéroport de Pointe-à-Pitre, en Gouadeloupe, l'air était aussi chaud et humide et ça sentait sucré !
Juste en passant les portes de sortie, en pleine nuit, sous la structure de béton, un oiseau me passe à toute vitesse à deux pouces du nez et se pose par terre tout près. Kessé comme oiseau ? Un simple moineau domestique, tout aussi mignon et ennuyemment brun que ceux du Québec.  Quelle surprise de ne pas avoir eu de surprise ! Aussi bien voir ça comme de bon augure.

8 commentaires:

  1. Parce que tu peu demander d'être à coter d'une fenêtre!? On ma jamais demandé ça. Comment. Pour quoi? Tant de questions !

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    1. Je ne le sais pas plus que toi ! Quand je suis arrivée, le commis était super sympa (et vachement cute aussi) et je lui ai dit que c'était mon premier voyage vers l'Asie. Il a regardé son écran puis m'a demandé si ça me plairait une fenêtre. C'est tout ! Lucky lucky c'est moi.

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  2. En ce dimanche mouilleux de notre novembre québécois, ça fait du bien de te lire et voyager un peu !

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    1. Merci Dan. Et moi ça m'a fait plaisir de savoir que tu as offert une belle soirée de musique et d'amitié à mon homme. À bientôt.

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  3. Hey, quel voyage ! je mets un com ici mais je vais lire le reste ; J'aime bien comme tu racontes, je voyage avec toi pis je rigole bien. Tes photos sont superbes, et ça me fait penser que j'ai pas encore fini, moi, de raconter sur mon blog mon voyage au Québec de 2012. La honte ! Je suis une grosse feignante à l'écriture. Sinon, dans les statistiques de ton blog, accessible depuis ton " tableau de bord", tu peux savoir combien de gens viennent te lire depuis FB, mais pas de qui il s'agit par contre.
    Allez, je continue de lire ! Bon voyage ! :)

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  4. Heureux de te lire, comme toujours... Et les photos que tu a prises du temple en métal sont pas mal belles, et très intéressantes même si tu n'as pas utilisé ton gros attirail pour les prendre. Te gênes surtout pas pour partager plus d'images, même si elles ne répondent pas complètement à tes standards de perfection.

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  5. Aaaah! Je n'avais pas vu le blogue! Toujours aussi divertissant de te lire, un peu émouvant aussi de te suivre dans tes aventures. Dommage qu'il faille avoir un compte blogger pour laisser un commentaire (ce qui ne me dérange pas, puisque j'en ai un). Merci pour toutes ces jolies images, littéraires et photographiques :)

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